vendredi 17 septembre 2010

L’amiante environnementale dans les minerais de nickel à la SLN *

PRESENTATION

La présence de fibres d’amiante environnementale a toujours fait partie intégrante de la géologie de Nouvelle Calédonie.
L’inhalation de fibres d’amiante provoque la mort sur le long terme.
Après la période d’exposition il faut attendre 20 à 40 ans pour que les maladies se déclarent.
Les maladies liées à l’inhalation de fibres d’amiante sont ‘les plaques pleurales’ ‘le mésothéliome’ ‘les cancers de la plèvre’ et certains cancers ‘broncho-pulmonaire’. Ils nous conduisent tous vers une mort prématurée de plusieurs dizaines d’années !
Le risque de maladies est beaucoup plus élevé si la personne est fumeuse.

EXPERTISES

Dans les années 80/90 et après plusieurs études menées par d’éminents experts de l’INSERM de l’INRS la cause de ces contaminations excessives, semblait provenir des enduits avec lesquels les mélanésiens recouvraient leurs cases.
Par la suite, il a été prouvé que les fibres d’amiante n’étaient pas seulement présentent dans le Pö, mais aussi dans certains minerais de nickel.
Dans un communiqué de l’AFP, des spécialistes soulignaient que : « La Nouvelle Calédonie abrite, notamment dans la chaîne de montagnes centrale, de nombreux affleurements de trémolite (forme la plus dangereuse d’amiante et que des roches amiantifères étaient présentent aux pieds des massifs de nickel » « Ces expositions amènent à des excès de risque de cancers largement supérieurs aux valeurs habituellement considérées comme acceptables »

D’un rapport provisoire d’experts en date de juin 2007 faisant état d’estimations « de risque individuel étant 30 à 500 fois supérieurs aux valeurs généralement considérées comme acceptables… » « Bien que ces estimations soient entachées de nombreuses incertitudes, elles fournissent un ordre de grandeur plausible qui permet de conclure que des actions doivent être entreprises pour réduire l’exposition… » « On peut remarquer que plusieurs mesures concernant la réduction du risque et l’amélioration des connaissances proposées ici, notamment l’information de la population et la localisation des zones amentifères, faisaient déjà l’objet de recommandations dans le rapport du Réseau National de Santé Publique de 1994On peut donc s’interroger sur les raisons qui ont amené à ce que des mesures recommandées il y a 13 ans n’aient pas été prises, ou prises seulement de façon très tardive… »

En Nouvelle Calédonie le taux de mortalité est 10 fois supérieur à celui de la Métropole et le taux de risques d’avoir un cancer lié à l’amiante y est 500 fois plus élevé !
Avec ce triste record, notre pays se retrouve malheureusement dans la tête du classement mondiale des maladies et décès liés à l’inhalation de fibres d’amiante environnementale !!

Ce n’est qu’après les alertes émises dans le dernier rapport du Professeur Jean Luc BOULMIER du BRGM en date de janvier 2009 que les autorités Calédoniennes ont commencées à s’inquiétés de ce problème. Problème qui se révèle aussi (de notre point de vue), être un véritable scandale de santé publique. (Similaire à celui de la France)
1)
Par ailleurs,  le Toxicologue Henri PEZERAT, Directeur du CRNS (Centre de Recherches National Scientifique) en 2005, affirmait « que la probabilité d’être atteint d’un mésothéliome était directement proportionnelle à la distance entre le lieu de résidence de la victime et la plus proche source d’amiante naturelle. Le risque ne diminuant de 6,3% tous les 10 Km ».
Ce qui prouve bien qu’en Nouvelle Calédonie l’amiante (présent à l’état environnemental) est un réel problème de santé publique.

REGLEMENTATION CALEDONIENNE

 Face à ces trop nombreux cas de décès liés aux fibres d’amiante, les autorités Calédoniennes commencent seulement et depuis peut à se soucier de la dangerosité de ces fibres et sont en train de mettre en place une délibération et un arrêté pour la protection des travailleurs contre le risque amiante.
Une réglementation existe, mais elle n’est apparemment pas/ou  très peut adaptée aux travailleurs inhalant de l’amiante environnementale. Elle concerne surtout les travailleurs faisant partie des métiers du désamiantage. (Matériaux contenant de l’amiante industrielle : Fibrociment, dalles de sols (etc) Elle est référencée sous le n° 211/CP du 15 octobre 1997.

ACTION SYNDICALE ET PROPOSITION DE LOI

Pour notre part, après avoir participé aux réunions consultatives du travail (sous l’égide de la direction du travail), nous leurs avons présenté en avril 2010, une série de mesures qui nous paraissait indispensables à la protection des travailleurs et au respect de leurs personnes, dans le cadre de la réglementation à venir.
Nos représentants (Jean Pierre BRUMOERE et Karel STANISIC) ont travaillés sur ces sujets très sensibles et ont proposés leurs modifications (approuvées par CGT/FO/NC) aux textes déjà pré écrit par la direction du travail de la Nouvelle Calédonie, lors des réunions de la Commission Consultative du Travail.
Les modifications demandées par nos deux camarades étaient d’adapter la réglementation Métropolitaine (très sévère en matière d’amiante), à la future réglementation Calédonienne.
(En tenant bien sûr compte de la nature environnementale des fibres d’amiante Calédoniennes).
Il leurs à été répondu qu’en Nouvelle Calédonie les fibres d’amiante n’étant pas de source industrielle comme celles de France, qu’il était donc hors de question de procéder à une adaptation de la loi Métropolitaine !
Pour le bien être des travailleurs concernés et un peut plus de respect à leurs égards, nous aurions souhaité voir apparaître ces modifications dans la future réglementation Calédonienne.

Mais chez nous, nous savons tous que le pouvoir, les gains, l’enrichissement et la protection des plus forts sont liés et passent bien avant la santé et la sécurité des travailleurs !
Et qu’une fois encore, se sont les travailleurs qui vont payer de leur vie pour que quelques industriels et patrons soient protégés juridiquement ! Donc hors d’atteinte.

Nous ne nous sommes pas opposés au vote de cette réglementation parce qu’il n’en existe pas actuellement et que celle-ci comporte quant même certaines obligation s à l’encontre des chefs d’entreprises concernés et aussi des éléments en faveur de la santé/sécurité des salariés.
Mais nous avons aussi émis des réserves et notre organisation syndicale compte bien revenir vers les autorités du territoire  afin de la modifier.

DEFINITION DES FIBRES D’AMIANTE PRESENTENT A LA SLN

Les fibres d’amiante que les travailleurs SLN (et les populations alentours des sites miniers et  de la ville de Nouméa) respirent régulièrement sont principalement issues :

De la famille des SERPENTINE ; Fibres de CHRISOTYLE et d’ANTIGORITE. (Présentent sur l’ensemble des mines SLN.
A noter que selon deux éminents  ingénieurs de la SLN, qu’un seul gramme d’ANTIGORITE altérée peut contenir jusqu’à 200 milliards de micro fibres d’amiante !
Que l’ANTIGORITE altérée est présente dans les minerais de NICKEL exploités par la SLN.

De la famille des AMPHIBOLES ; Fibres de TREMOLITE. (Les plus dangereuse de toutes et principalement présentent à KONIAMBO et TIEBAGHI).

SITES MINIERS ET USINE DE DONIAMBO

Les matériaux contenant de l’amiante sont les plus dangereux quant ils se présentent sous leurs formes ‘dégradé’ cet à dire lors de leur  extraction, de leur  manipulation, de leur broyage ou concassage, de leur calcination etc… C’est pendant ces phases de transformation (utilisées par la SLN) que les fibres sont le plus libérées.

  A titre d’exemple :
La présence des fibres d’amiante ci-dessus est avérée dans les minerais de nickel extraits par  la SLN sur les centres miniers.
Vue la taille des engins miniers et le volume de chargement (godets pouvant contenir parfois jusqu'à 16m3), il est donc très plausible que les chauffeurs de chargeuses procèdent (sans s’en rendre compte), à des chargements de minerais de  nickel contenant des fibres d’amiante.
Il est donc aussi plus que logique que ces mêmes fibres se retrouvent dans l’usine de Doniambo, (déjà en état très dégradées) avant même la transformation des minerais.

De plus le procédé de la pyro-métallurgie, utilisé par l’entreprise facilite l’envolement de ces fibres mortelles et microscopiques.
En tenant compte des étude de Monsieur Henri PEZERAT (Toxicologue et directeur du CNRS en 2005), chacun peut donc logiquement supposer que les habitants de l’ensemble de la ville de Nouméa risquent d’être à tous  moments (suivant la direction des vents), exposés et contaminés par des fibres d’amiante présentent et provenant des différents minerais de nickel traités à l’usine de Doniambo !!
Imaginez seulement qu’un kilos d’ ANTIGORITE se retrouve à l’usine de Doniambo. Et c’est déjà arrivé car des documents officiels le prouvent ! Cela représente 200 milliards X 1.OOO Grammes.
Nous vous laissons faire le calcul et vous verrez…
De même et concernant l’extraction du nickel, ce raisonnement s’applique aussi pour les populations environnantes des sites miniers se situant dans un rayon de plus de 10 Km de la source d’amiante environnementale ! (c'est-à-dire de toute activités minières ou des montagnes mises à nue par l’exploitation).

Cependant et malgré cette présence avérée, il semblerait que la SLN ait procédée pendant de nombreuses années, à de la rétention d’information à l’encontre de ses propres salariés et à l’encontre des populations environnantes des sites miniers et de l’usine de Doniambo !

Elle ne s’est en fait attelée à ce problème mortel qu’en 2008/2009 alors que Monsieur l’expert Jean Luc BOULMIER, procédait à son dernier rapport… !
Les informations concernant la dangerosité des fibres d’amiante commence donc seulement à revenir vers les travailleurs, (qui rappelons-le, sont les plus exposés).
Mais elles sont encore très légères, voir minimisées !

A noter que suite aux dénonciations et revendications de notre part (depuis plusieurs années), la SLN à quand même instauré des procédures internes concernant les travaux sur des matériaux contenant des fibres d’amiante environnemental ainsi que sur le port d’Equipement de Protection Individuel au travail.
Mais malgré ce ‘semblant d’efforts’ sur la sécurité au travail, il n’y a rien de comparable avec ce qui se fait, conformément en la matière ! Comparez par vous-mêmes les clichés suivants…

Ayant donc fait procéder à des recherche concluantes sur la présence d’amiante environnementale par un centre de recherche Métropolitain dans les années 1970, donc bien informée sur la présence de ces fibres mortelles, la plus grosse société minière du territoire (qui aime tant se faire mousser en matière de santé/sécurité au travail, qui se dit précurseur en matière de prévention du risque amiante et de conditions de travail en générale et qui distribue de l’argent à tour de bras (pour s’approprier la confiance de l’opinion publique ?).
Cette société qui se définit volontiers haut et fort comme une citoyenne Calédonienne exemplaire n’a semble-t-il, jamais respectée le principe de précaution et les responsabilités qui lui incombent en matière d’amiante environnementale et en matière de protection de la santé et de la sécurité de son propre personnel et des populations environnantes. (Donc, de la santé publique).

Malgré la découverte de fibres d’amiante dans les minerais qu’elle exploitait (alors que le scandale de l’amiante faisait la une de tous les  journaux en Métropole), la SLN ne procédait en fait, qu’à de simples formations concernant juste sont encadrement !
Informations qui ne redescendaient jamais vers les travailleurs… (Qui se trouvaient quant à eux, en danger de mort…)

De plus et comme nous le savons tous, dans notre riche et beau pays, les milliards passent avant la santé des populations et des travailleurs.
C’est certainement pour cette raison que les différents pouvoirs (syndicaux ou autres) qui se succèdent au fils du temps et dans les différentes instances de la SLN et de la Nouvelle Calédonie, ont toujours faits en sorte, de protéger l’industriel par des moyens qui leurs sont les leurs.

Mais qu’ont t’il faits de la peine des familles de nos anciens ?
Qu’ont-ils faits des souffrances atroces infligées par les cancers et  que nos vieux ont dû (ou doivent) subir avant qu’ils ne meurent ?

A savoir qu’en moyenne, entre 5 et 10 cas de maladies de l’amiante ont été déclaré à la SLN pour la seule année 2009.
Proportionnellement aux nombre de salariés dans l’entreprise, ces chiffres sont inacceptables !
La SLN aurait dû avoir l’obligation (depuis les années 70), de mettre en place des moyens appropriés à la protection de ses propres travailleurs par des plans de prévention du risque amiante.

Mais rien n’a été fait pendant prés de trente ans ! (C’est en moyenne la période de latence qu’il y a entre l’exposition et les premier symptômes des maladies de l’amiante)
Combien de malades et de morts il y a eu pendant cette période ?
Combien de famille aurait dues être indemnisées de la part de l’employeur ?

Combien de directeurs auraient dus être condamnés pour rétention d’informations ayants entraînées la mort de salariés?
Combien de milliard la SLN à t-elle gagnés (et combien va-t-elle gagner) sur la vie de ces victimes et de celles à venir ?
Pourquoi enfin la Nouvelle Calédonie (et ses instances) ne mettent t-ils pas plus d’argent de côté pour pouvoir pallier aux soins médicaux et traitement de nos anciens ?
Parce que nous sommes tous des futurs retraités

ACTIONS EN COURS

Par devoir de mémoire et depuis 2006, nous sommes donc en train de dénoncer et de nous battre pour que de tels comportements ne se reproduisent plus jamais à l’avenir !
Nous envisageons aux termes de ce scandale, de faire condamner les responsables devant un tribunal pénal, de façon à faire indemniser financièrement les ayants droits de ces salariés, victimes de l’amiante, bien malgré eux… Alors que leur employeur étaient bien informé des risques auxquels il les exposait.

ACTIONS A VENIR

Notre organisation syndicale déposera aussi prochainement à la juridiction concernée, une série de cas avérés et de preuves irréfutables sur les agissements des hauts-responsables de la  SLN en matière de sécurité au travail. En plus clair, ils vous sanctionnent pour le non port du casque dans un atelier et à cotés de cela ils ne font rien pour pallier aux sous effectifs, aux manque de matériel et d’outillage, à l’état lamentable des installations et des engins, aux  entretiens programmés  inexistant, bâclés de leurs propres fait (parce qu’il faut redémarrer l’installation en urgence pour produire) aux entretiens annulés ou reportés, aux casses des installations

RISQUES CHIMIQUES

Dans notre prochain numéro nous vous parlerons de ce que la SLN et les institutions du territoire ont oubliés de vous dire concernant la dangerosité des produits pétroliers (et dérivés) que tous les Nouméens ont inhalés pendant plusieurs semaines

Nous avons enfin dénoncés depuis maintenant plusieurs années les risques chimiques présents ou issus des étapes de la transformation des minerais de nickel, à la SLN.
Sur ces sujets aussi sensibles que celui de l’amiante, la direction du travail de la Nouvelle Calédonie nous à certifié qu’une réglementation les concernant serait mise en place dès 2011.

C’est très bien et très encourageant, mais cette réglementation sera-t-elle juste vis-à-vis des travailleur ou sera-t-elle une nouvelle fois taillée sur mesure afin d’assurer la protection de certains industriels s de ce pays ????? On verra l’année prochaine.

Pour le moment c’est à vous de nous donner la force de pouvoir combattre ce genre de comportements inacceptables de la part de nos dirigeants.
C’est à vous de pouvoir faire en sorte que notre organisation syndicale prenne plus de poids à la SLN.
Nous comptons sur votre voix, en vous remerciant par avance de la confiance que vous allez nous accorder à l’avenir.

Merci de nous avoir lus.

STANISIC Karel de FO/SLN

* "Le syndicaliste de Nouvelle-Calédonie". N°153 du 18 juin 2010. Pages 13-17.

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